Einzelgärten und Regionen mit Gärten zu diesem Thema

Les grands parcs et jardins sont presque toujours liés aux noms de personnes célèbres. Le triple son « Louis XIV – Versailles – Le Nôtre » en est certainement le meilleur des exemples.

Nous savons de beaucoup de personnages de l’histoire, p. ex. romanciers, peintres, sculpteurs, politiciens et industriels, que leur jardin plutôt petit et intime était un lieu de tranquillité, de réflexion et de méditation, d’inspiration et de travail créatif. Leur maison et jardin étaient des endroits où les visions du futur furent développées et des décisions politiques furent prises.

D’autres personnages se sont « seulement » occupés intensivement de la réalisation et l’entretien de leur jardin pendant leur temps libre où ils se sont adonnés à la culture de (nouvelles) plantes, et ce de façon systématique et avec succès.

Finalement, certains architectes paysagistes sont considérés eux-mêmes comme personnages de l’histoire de la culture et contemporaine. La visite (virtuelle) des jardins qu’ils ont réalisés dévoile aussi beaucoup de leur vie et leur œuvre d’art.

Beaucoup de ces amateurs de jardins célèbres ont déterminé par testament que la maison et le jardin soient accessibles au public. Les expositions dans les maisons donnent vue sur leur vie et travail. Les jardins donnent la possibilité de ressentir l’authenticité et la particularité des lieux et de s’imaginer comment les habitants antécédents ou leurs invités célèbres y ont vécu.

En regardant des jardins dans notre propre contexte national, on réalise rapidement que l’on sait peu de choses de leur histoire et de leur valeur. Passé les frontières, ce manque de connaissance est encore plus frappant, même pour un bon historien de jardin. EGHN a remarqué que ce que les gens associent à un jardin et aux évènements qui s’y déroulent constitue une partie intrinsèque du patrimoine, essentielle pour saisir les multiples valeurs de ces endroits.

Nous considérons les jardins en quelque sorte comme pré-existants, comme s’ils avaient toujours existé. Il n’y a aucun doute quant au patrimoine de jardins que nous possédons, mais nous voyons le jardin comme chose seule plutôt que comme un système complexe qui s’est développé avec le temps. Nous tendons également à considérer le jardin comme existant en dehors des références à des lieux ou des gens, presque comme une île : un jardin bordé de haies ou de clôtures, un parc entouré de routes ou de bâtiments. Si l’on leur demande de décrire un jardin, la plupart des gens diront qu’il s’agit d’un endroit avec des plantes et des fleurs. Certains ajouteront peut-être des statues, des sièges, des temples, des allées, etc. Rarement quelqu’un parlera de son créateur, de son architecte, de son propriétaire. Pourtant, les idées et les théories existent avant le jardin.

Les jardins sont fondés sur des idées, qui existent depuis les civilisations les plus anciennes. En 1609, Francis Bacon écrivit son essai Of Gardens (« Sur les jardins »), publié en 1625. Il est l’un des nombreux théoriciens et écrivains à avoir influencé notre façon de voir les jardins. Dans ce livre, son écriture est plus philosophique que pratique, tout en reflétant les questions de son temps. Il n’est pas facile de comprendre ce passage, un des plus cités sur ce thème :

‘God almighty first Planted a Garden. And indeed, it is the Purest of Humane pleasures. It is the Greatest Refreshment to the Spirits of Man; Without which, Buildings and Pallaces are but Gross Handy-works: And a Man shall ever see, that when Ages grow to Civility and Elegancie, Men will come to Build Stately, sooner than to Garden Finely. As if Gardening were the Greater Perfection.’

Peu d’ouvrages approchent la vision philosophique de Bacon sur les jardins, car la plupart des écrits est soit historique, soit pratique. Cette dernière catégorie est très bien représentée par les manuels « Comment faire… » qui remplissent les librairies. Peu de ces manuels sont produits pour un marché international puisqu’ils correspondent à des situations nationales ou régionales. Certains ouvrages exceptionnels sont traduits : The curious Gardener de Jürgen Dahl (« Le curieux jardinier ») présente un point de vue personnel et relie philosophie, humour et pratique. Les parcs historiques et les jardins ne connaissent pas la même situation. Ceci est en partie dû au cirque médiatique, en quête de belles images mais peu de contenu. Il existe toutefois des écrivains comme John Dixon Hunt (Etats-Unis) qui s’adressent à un lectorat plus intellectuel, tandis que Jane Brown (Royaume-Uni) a une approche plus populaire, par exemple avec The Gardens of Versailles (« Les jardins de Versailles »). Les prix des livres anciens augmentent, mais ceux-ci n’ont pas seulemnt une valeur commerciale : l’ouvrage de l’Allemande Maria Louisa Gothein, History of Garden Art (« Histoire de l’art des jardins ») , du début du XXème siècle, est encore tout à fait lisible et utile. Malheureusement, les ouvrages les plus informatifs ne sont pas disponibles dans les librairies et dans les bibliothèques ou ne sont plus édités, et peu de boutiques s’intéressent sérieusement aux jardins et aux jardiniers paysagistes « étrangers ».

Ce sont les stars, même si l’on accorde parfois trop d’importance à certains par rapport à d’autres. Lancelot « Capability » Brown est connu internationalement en tant que symbole du style anglais tout comme le nom d’André Le Nôtre représente la France. Peu de gens sont capables de citer d’autres noms que ces deux-là. Il y a eu d’autres concepteurs de parcs et de jardins aux mêmes époques et beaucoup imitèrent leurs célèbres collègues. Peu ont une renommée qui dépassa les frontières de leur pays, tel l’Allemand Peter Josef Lenné, qui travailla également à Paris et à Vienne. Il se fit particulièrement remarquer pour sa contribution à la création du parc Sans-Souci (Postdam), du parc animalier de Berlin et de quartiers résidentiels à Berlin et Vienne. Il existe des études récentes sur des créateurs moins connus, comme Thomas Blaikie, considéré comme le « Capability » Brown de France, qui conçut le parc de Bagatelle dans le Bois de Boulogne ainsi que les jardins du XVIIIème siècle du château de Dyke en Allemagne.

La majorité des parcs et jardins a été conçue par des inconnus du grand public, parfois propriétaires de l’endroit. Ceci offre une perspective nouvelle et beaucoup plus personnelle. William Christie, spécialiste de la musique baroque, considère son jardin situé en Vendée comme « très éclectique. Les jardins sont comme la musique : j’ai improvisé, interprété et suivi ma propre inspiration. » Au Château du Pin (France), le jardin fut d’abord conçu par le propriétaire, l’Américain Gérard Christmas Gignoux, en 1921. Aujourd’hui, c’est sa petite-fille, Jane de la Celle, qui continue d’y développer de nouveaux thèmes. Certains jardins sont ignorés par manque de nom connu, ce qui est à déplorer.

Si les créateurs sont les stars, les jardiniers sont les cendrillons du monde horticole : non reconnus et rarement invités au bal ! On fait parfois allusion aux jardiniers mais il n’existe pratiquement aucune information à leur sujet : on accorde plus de crédit au concepteur ou à celui qui l’a engagé. Geoffrey Jellicoe écrivit sur les jardins du Petit Trianon, à Versailles, en se référant aux plans de Ange-Jacques Gabriel pour Louis XV et Madame du Barry, puis que quelques années plus tard, « Louis XVI (1774) créa le parc « anglo-chinois » pour Marie-Antoinette ». Il n’y pas d’intention de diminuer le rôle du jardinier, mais ceci est l’approche traditionnelle de l’histoire des jardins, sans référence aux travailleurs ou aux jardiniers qui ont développé et construit ces endroits. On a presque l’impression que Louis XVI posa lui-même les pavés des chemins, bâtit les murs et planta les fleurs !

Il existe toutefois quelques rares exemples de succès et de reconnaissance : Joseph Paxton, jardinier en chef à Chatsworth (Royaume-Uni), au service du duc pendant 32 ans, était autorisé à accepter des commandes privées. Il devint célèbre grâce à la conception du parc de Birkenhead et à ses constructions en fer et en verre dans le Crystal Palace (1854). On se réfère pourtant rarement à lui en tant que jardinier et peu connaissent l’importance de sa contribution à l’architecture des jardins et à l’horticulture. Il existe quelques rares photographies de jardiniers et de leurs équipes de travail à l’oeuvre dans les parcs ou les grands domaines, mais on possède peu d’informations à leur sujet. On a même souvent oublié leurs noms !

Le contraire est à peu près vrai en ce qui concerne ceux qui introduisirent les variétés de plantes les plus en vogue en Europe : on nomme les espèces d’après leurs noms. Par exemple, la rose de Banks (rosa banksiae) fut appelée comme cela par Sir Joseph Banks en l’honneur de son épouse, les viornes viburnum farreri doivent leur appellation à Reginald Farrer. La recherche de plantes inconnues a une longue histoire, dont les premières traces remontent à l’ancienne Egypte pendant le règne de Hatshepsut. Des espèces nouvelles arrivèrent en Europe du nord à l’époque romaine et plus tard avec les croisés. C’est une histoire riche avec de nombreux aspects directement liés aux développements scientifiques du fait que beaucoup de plantes furent importées pour la médecine. Carolus Clusius, physicien et botaniste flamand, fut appelé « premier horticulteur européen scientifique » parce qu’il introduisit plusieurs espèces nouvelles au XVIème siècle. Elles provenaient du sud de la France, de l’Espagne, du Portugal, de l’Autriche et de la Turquie. Les bulbes qui aujourd’hui encore font fleurir l’industrie néerlandaise faisaient partie de ses trouvailles.

On sait beaucoup des relations entre concepteur et propriétaire de jardins, mais la synergie entre propriétaire, jardinier et plantes a été peu explorée. Les jardins se développent et se transforment avec le temps : le concepteur fournit une structure où le paysage peut évoluer. Néanmoins, la véritable créativité et la beauté ne viennent-elles pas du travail du jardinier et du propriétaire et de leur interprétation et finition de l’endroit, si toutefois ce travail peut être complètement achevé.

Les jardins sont souvent des endroits liés à des souvenirs et des célébrations. Nos parcs sont remplis de monuments en l’honneur d’hommes d’état, de héros, de scientifiques, de poètes et d’artistes, nous rappelant notre histoire politique et culturelle. Ce sont des rappels d’évènements comme la bataille de Waterloo (1815, Belgique), la signature de la charte Magna Carta à Runnymede (1215, Grande-Bretagne). Ceux-ci ont parfois un aspect héroïque qui nous dépasse ou une dimension discrète qui en appelle plus à notre subconscient. La plupart des monuments sont formels, équilibrés et symétriques, ce qui donne une impression de puissance sur celui qui regarde. D’autres sont plus subtils : une simple allée d’arbres ou un banc peuvent commémorer une visite, un évènement, une naissance ou un décès. Au coeur de la forêt de Runnymede se trouve le monument Kennedy, puissant et subtil à la fois : la force est dans la simplicité, liée à l’imagination et le souvenir de l’observateur. Il s’agit presque d’un anti-concept.

La majorité des évènements ne sont pas répertoriés pour la postérité. Les rencontres d’industriels, hommes politiques, financiers ou écrivains ont souvent lieu dans des jardins, endroits confortables et relaxants, appropriés à des discussions informelles. De nombreux évènements familiaux se déroulent également dans les jardins, parfois utilisés comme décors, par exemple lors de mariages. Une partie de l’histoire de la conception des jardins est liée à celle de la scène : la réception de Vaux-le-Vicomte (1661, France) accueillit 8000 invités et offrit un magnifique concert, un feu d’artifices, des jeux et un festin. De nombreux parcs et jardins ont été conçus en vue de spectacles ou autres manifestations.

Aujourd’hui, les parcs sont des lieux de détente, échappatoires à la vie urbaine, où se déroulent des festivals en tout genre. Ceux-ci se sont d’abord développés en Allemagne et aux Pays-Bas et sont un élément important dans la conception de nouveaux parcs et dans l’idée que l’on se fait de leur utilité. Les expositions florales qui ont lieu au parc de Tatton (Royaume-Uni), à Chaumont (France) et au château de Dyke (Allemagne) représentent la célébration des jardins, de l’horticulture et de la création. Elles mettent le public en contact direct avec les nouvelles idées conceptuelles, plantes et technologies. De façon similaire, les espaces urbains sont en train d’être réinventés depuis que les gens investissent à nouveau les rues des centres-ville. Les rives des fleuves deviennent des endroits de distraction et de relaxation, où des festivals prennent place, tandis que les jardins publics se tranforment en lieu d’accueil de manifestations temporaires, allant de l’exposition artistique au marché et du cinéma en plein air aux compétitions sportives.

EGHN pense qu’il est nécessaire de reconnaître et de promouvoir la synergie entre les différents aspects du jardin : il est singulier que si peu d’attention soit accordée à la présentation et à la compréhension des jardins, et leur rôle dans la société est souvent dévalorisé. Notre système de mesures et de comptes ne s’accorde pas aux valeurs plus abstraites. L’étude des jardins va de paire avec exploration, ouverture et questionnement. C’est seulement lorsque notre recherche sera détaillée et complète que nous serons en mesure de commencer à comprendre la véritable valeur de nos parcs et jardins.

Auteur de la version anglaise:

Prof. E M Bennis, Manchester Metropolitan University
pour EGHN, 2006

Les Jardins